Tourisme

Rencontre avec Jérémie Trigano, Directeur général et cofondateur de la chaîne Mama Shelter.

L’hôtel Mama Shelter Belgrade vient d’ouvrir ses portes le 8 mars 2018. Rencontre avec Jérémie Trigano, Directeur général et cofondateur de la chaîne Mama Shelter.

  • -En quoi Mama Shelter est-elle une Chaine d’hôtels de luxe?

    Jérémie Trigano : Avec Mama Shelter, nous avons travaillé sur la notion de luxe « abordable », sur tous les plans : le service, la réception, la décoration, le confort de la chambre, et la qualité de la cuisine. Côté service, nous avons presque un salarié par chambre, si l’on compte ceux en sous-traitance pour les chambres et la sécurité. Et à Belgrade, nous en avons un peu plus qu’à Paris. Côté décoration, nous avons travaillé sur le chic (le design, parfois dépareillé, les matériaux chaleureux avec des tissus, des velours, des tapis…) et sur le « fun », comme nous l’avons lancé à Paris : baby-foot, Photo Booth, ping-pong, musique, un DJ, des fanfares, des animations pour adultes (yoga, bingo ou la signature de livres), et pour enfants (boom pour ceux de 4 à 12 ans avec du maquillage ou des gaufres). Dans les chambres, la literie est « cinq étoiles ». Les draps sont 100% coton satiné, les serviettes de toilette sont épaisses, la télévision Samsung est en 43 pouces, les produits de salle de bains, de la marque « Absolution », sont … absolument bio ! Et tout est gratuit, des films au wi-fi. En cuisine, Guy Savoy remplit efficacement une mission de conseiller. Sa signature? Le thon « tonkatsun », pané, servi avec un petit riz vinaigré à connotation asiatique. Et nous continuons le hâchis-parmentier, les coquillettes jambon, et le baba au rhum d’Alain Senderens.

  • -Comment pouvez-vous définir l’ADN du Mama Shelter ?

    Le Mama Shelter c’est l’abri, chez maman. On y est en tribu, ensemble, pour partager du bonheur. Cela se traduit par des infrastructures extrêmement ouvertes. La réception est ainsi pratiquement intégrée au restaurant. Il y a toujours un bar central, que nous appelons le « island bar », qui est le poumon de la vie en commun. Et bien sûr, des tables d’hôtes pour les groupes qui veulent faire la fête ensemble, à côté de la scène (pour un petit orchestre ou un DJ)… Pour le reste, tables basses ou à hauteur normale, mobiles au gré des envies et des groupes. En fait nous voulons apporter bonheur et qualité à tous, avec une pizza à 3 euros autant qu’avec un steak à 15 euros.

  • -Quelle est la particularité de Mama Shelter Belgrade?

    Si Paris était la version 1, Belgrade est notre version 8. Ici, on améliore en gardant ce qui marche, et en inventant, un peu (on a modifié les uniformes ou la programmation des animations). On a également été plus généreux en matériaux, en n’hésitant pas, par exemple, à mettre du marbre, ou, sur le comptoir de la réception, une « stone leaf », une feuille de pierre, très agréable au toucher, et intéressante à l’œil. Les luminaires, naturels et à la lumière tamisée, viennent du Pérou. On a également soigné la touche locale : notre plafond noir, une constante chez nous, mais avec des symboles locaux, et des rideaux avec les montagnes serbes. On n’a pas voulu faire du kitsch, mais de l’intemporel, confortable. Sur l’immense roof-top, il y a un « fire-pit” autour duquel on peut se réchauffer à plusieurs en hiver.

  • -Quel est votre bilan pour les hôtels Mama Shelter?

    Nous avons ouvert notre premier Mama il y a 10 ans, et nous sommes profitables depuis 9 ans. Notre chiffre d’affaires de l’année dernière était de 50 millions d’euros HT, et nous avons maintenant 500 personnes dans nos équipes. C’est un bilan positif.

  • -Comment utilisez-vous les réseaux sociaux ?

    Sur Instagram, nous défendons l’image de la marque. Sur Facebook, nous boostons l’événementiel. Sur LinkedIn, nous travaillons sur le recrutement et le business Corporate B2B. Twitter reste accessoire. En fait, quand je vais sur les réseaux sociaux, j’ai deux buts. Mettre la marque à jour, recruter des clients, et les pousser à la consommation sur notre propre site. On essaie d’être attractifs et efficaces. Après, on analyse les mesures de fréquentation. Toutes les semaines on suit les visiteurs, les followers, les engagements des clients. Ce sont les outils de demain.

  • -Vous avez cassé des codes de l’hôtellerie. Qu’allez-vous casser encore ?

    C’est vrai, nous avons innové dans les codes. Et le concept du Mama fonctionne parfaitement. Alors, nous allons… nous diversifier. Nous avons apporté du bonheur dans l’hôtellerie ? Nous voulons faire de même pour le monde du travail avec Mama Works. Nous souhaitons proposer une alternative à ce qu’offre actuellement le monde de l’immobilier avec ses espaces de bureaux à louer. Nous avons donc ouvert, à Lyon et à Bordeaux, des espaces de coworking dans lesquels nous travaillons la conception des espaces bureau avec un design particulier. Nous poursuivrons à Lille, Nantes et Montpellier, en franchise. Le bonheur, ce doit être aussi au travail !

  • -Quel est votre parcours?

    J’ai été biberonné au Club Méditerranée, comme mon aîné, Benjamin, mais un peu moins que lui, qui y a travaillé… Après mon bac en 1995, j’ai étudié 3 ans dans une université américaine. Mon expérience est éclectique : finances, restauration, tourisme, et en 2008 j’ai attrapé le virus du Mama Shelter…

    Propos recueillis par Oriane About

  • Les hôtels "Mama Shelter" en bref :

    – Fondés par la famille Trigano. Gilbert Trigano, aujourd’hui disparu, avait créé le Club Méditerranée, une icône du tourisme français. Son fils Serge, après en avoir repris les rênes, l’a quitté, puis a fondé, avec ses deux fils notamment, le premier Mama Shelter, à Paris, il y a une dizaine d’années. Jack pot…
    – A ce jour, 798 chambres, 7 restaurants, dans 7 villes (Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux, Los Angeles, Rio de Janeiro, Belgrade) et 4 pays (France, Etats Unis, Brésil, Serbie).
    – Aller au « Mama Shelter » c’est retourner chez maman, avec les copains. Maman, trop contente, s’occupe de tout. C’est un cocon, où on retrouve non seulement son enfance (on peut y déjeuner de pizzas ou de coquillettes au jambon, dans les chambres, sont accrochés des masques de Titi et Grosminet ; et à côté du bar, on joue au baby foot), mais où on vit aussi à fond le partage (tous les espaces publics communiquent ; la réception peut jouxter la cuisine, les tablées sont communes).
    – Le concept se décline en Europe, et ailleurs : espaces mi branchés, mi classe, en centre-villes, dans des lieux nouveaux et/ou inattendus (l’Est parisien, ou le dernier étage d’un superbe centre commercial de Belgrade).
    – Ouvertures prochaines : en 2018, Prague en juillet (238 chambres), Toulouse en novembre (120 chambres). En 2019, Lille au 1er trimestre (110 chambres), Paris Porte de Versailles en août (208 chambres), Londres Shoreditch(193 chambres) et Lisbonne (132 chambres) au 4e trimestre, et Sao Paolo (123 chambres). En 2020, Luxembourg (145 chambres) et Dubaï (280 chambres), puis … Santiago au Chili et Rio au Brésil.