VINS

Le Domaine Castagnès ou le succès de la biodynamie

C’est en 2014 que Antoine Rey acquiert un terrain dans le Gers, qui n’avait pas été cultivé depuis 50 ans, et qu’il désherbe à la main. Aidé par son épouse Candice, il commence à planter ses vignes en 2016, et la première cuvée fait son apparition en 2019…

  • -Quelles sont les particularités du domaine que vous avez acquis en 2014 ?

    Le terroir est un sol argilo-calcaire, c’est-à-dire un mélange d’un sol argileux et d’une semelle calcaire à 60 cm sous le sol. Au domaine Castagnès, nous avons fait le choix d’utiliser les préceptes de la biodynamie et donc de bannir les pesticides de synthèse. On se prémunit des champignons par l’utilisation de cuivre et de soufre minéral qu’on pulvérise sur les plantes pour combattre notamment l’oïdium, le champignon le plus commun dans les vignes.

  • -Qu’est-ce qui vous différencie des autres domaines de la région ?

    Nous sommes situés dans le Gers, le département de France qui produit le plus de vin. En Gascogne, il y a des producteurs énormes qui vendent des millions de bouteilles…De notre côté, on a choisi de faire une culture très artisanale. Par ailleurs, nous avons importé des méthodes culturales que l’on trouve en Bourgogne ou en Champagne. L’espacement entre les rangs de vigne au Domaine Castagnès est de 1,30 mètre (au lieu de 2,60 mètres), ce qui nous empêche de travailler avec un tracteur, et par conséquent de tout faire à la main.

  • -Quelle a été la première cuvée du Domaine Castagnès ?

    Notre première cuvée s’appelle Apparition : il s’agit d’une cuvée 100% colombard. Le colombard est un cépage autochtone du sud-ouest qui, usuellement, est considéré comme un mauvais cépage car très acide, et il est donc assemblé à d’autres vins ou destiné à être distillé (il entre dans la composition de l’Armagnac). On a eu pour idée de ne pas le faire fermenter complètement et de laisser un très léger sucre résiduel. Cela permet à cette acidité d’être bien compensée et d’obtenir un excellent vin blanc de qualité. On l’a appelé Apparition car c’était une forme d’apparition technique, et c’est aussi grâce à cette cuvée que nous sommes « apparus » sur le marché du vin.

  • -Quelles sont celles qui ont suivi la cuvée Apparition ?

    Nous avons ensuite créé Ondulation à base de gros manseng, un cépage que nous avons planté en 2016. Ce vin qui a des qualités naturelles très étonnantes : selon les jours d’ouverture et le temps qu’il fait, il est soit très expressif, soit très renfermé. Il ondule, d’où son nom ! On a aussi Conversion qui est censé convertir les gens qui disent ne pas boire de vin sucré. Enfin, on produit un petit rouge, Gravitation, à base de syrah, et qui est élaboré en macération carbonique : on n’écrase pas les raisins et on les fait fermenter sous atmosphère carbonique… Le vin Gravitation a pour particularité d’exprimer les caractéristiques de la syrah c’est-à-dire des fruits noirs comme la mûre, la groseille, la cerise noire…

  • -Quelles sont vos ambitions pour le futur ?

    D’un point de vue quantitatif, je souhaite planter encore un à deux hectares seulement. Mon objectif n’est pas de devenir multipropriétaire mais plutôt de rester artisanal. Je viens de racheter un peu de terre en-dessous de ma parcelle, et je vais replanter 2 cépages : du colombard et du carménère (cépage rouge). Je souhaite aussi développer l’agroforesterie qui consiste à planter des arbres au milieu des vignes de manière à obtenir une biodiversité qui fournit à l’environnement viticole un système immunitaire global végétal…Enfin, je désire faire de la recherche pour continuer à améliorer d’année en année la qualité de mes vins !